Je suis un joaldun du groupe Kilimon de Donapaleu (Saint Palais).
Joaldunak : "joareak dutenak" littéralement "ceux qui ont les cloches" c'est à dire les hommes qui portent les cloches, à savoir les sonnailles. En euskara la différence existe puisque la cloche d'église ou de mairie est désignée par "Ezkila" et la cloche portée par les animaux est appelée "Joarea".
Les "joaldunak sont des personnages carnavalesques qui viennent des villages navarrais de Zubieta et Ituren où on les appellent plus communément "Zanpantzarrak". On peut les voir défiler début février lors du carnaval.
L'ethnologue Thierry Truffaut leur a consacré un bel ouvrage "Joaldun et Kaskarot" dans lequel il analyse et présente les fondements de ces rites carnavalesques.
On retrouve par ailleurs ce type de personnage porteur de cloche dans toute l'Europe.
En Slovénie par exemple, on les appelle les kurents.
En Sardaigne, ce sont les Mamuthones.
Le n°33 de Pays Basque magazine y consacre quelques pages dans lesquelles on découvre de nombreux autres cousins européens des joaldun présentés par Thierry Truffaut. Il estime d'ailleurs que les joaldun existent dans le monde entier. A partir du moment où il y a des bergers et des troupeaux avec des sonnailles, il y a des porteurs de cloche.
A la lecture de cet article, j'ai répertorié quelques vidéos supplémentaires dans une playlist qui présente d'autres cousins joaldun.
Ici, je défile avec mon frère en ouvrant la marche du défilé de Garaziko Ihauteriak (carnaval de Saint Jean Pied de Port) en février 2007.
Nous sonnons des cloches de la famille Daban à Nay qui sont parmi les derniers fabricants de sonnailles en France. Ces sonnailles bombées sont habituellement accrochées au cou des brebis par les bergers qui sont les maîtres de la montagne. Les vachers, moins considérés selon Mr Daban, mettent, quant à eux, des cloches moins galbées à leurs vaches lorsqu'ils les mènent aux estives en montagne.
Réflexions
Le Pays Basque nord compte 4 groupes de joaldun à Bayonne, Hendaye, Hasparren et Saint Palais.
Je considère ma pratique comme du folklore car je me sens assez éloigné du sens donné à cette tradition à Ituren et Zubieta.
Le personnage haut en couleur et la puissance que dégage un groupe de joaldun sonnant tous au même pas, rend ce loisir attrayant. C'est un bon prétexte pour retrouver mes copains et passer un bon moment ensemble.
Néanmoins, je me sens souvent en décalage par rapport aux autres joaldun du groupe lors de certaines sorties que nous faisons ensemble.
Nous répondons à toutes les demandes d'organisateurs qu'il s'agisse de carnavals bien entendu mais aussi de festivals, fêtes et autres séminaires de professions libérales.
Je me sens instrumentalisé et ça me gêne.
J'aimerais engager une démarche basée sur le sens que l'on pourrait donner à cette pratique aujourd'hui.
A mon sens, on pourrait par exemple revenir sur les notions de base à savoir : sonner les cloches à carnaval, c'est notamment "sortir de la torpeur" de l'hiver, "réveiller" la nature et les hommes. D'une certaine manière, on pourrait réveiller les spectateurs qui nous regardent passer, essayer de les conscientiser sur des sujets qui nous sont chers quel que soit le moment de l'année.
A ce moment là, hors du cadre carnavalesque et du déguisement qui va avec, on pourrait agir en tant que citoyens basques et universels. Avoir une démarche rituelle actuelle, moderne, basée sur ce que nous sommes aujourd'hui, avec nos contradictions et nos convictions toutes relatives. Donner du sens à notre action sans non plus se prendre trop au sérieux, provocateurs et humbles à la fois.
Adi 2017 04 05
Il y a 7 ans
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