2010/11/26

Fierté mal placée ?


Musiques du Monde a Monts-sur-Guesnes
envoye; par Loudunaute. -

Chanter seul.
Amener un coin de Pays Basque dans une région, la région poitevine.
Chanter seul, en laissant l'espace aux gens qui se trouvent là, ce soir là, de converser, de boire un coup, puis d'écouter quelques chants venus d'ailleurs.

Chanter puis me dire.
Dire aux gens qui se trouvent là qu'ils ont, tout comme moi, une culture, une identité, qu'ils peuvent en être fiers. Que ce n'est pas du mauvais chauvinisme, que leur culture compte, tout autant que la mienne.
Que cette culture, à l'image de leur agriculture, est certes malmenée par les grandes directives européennes. Qu'elle est aussi vaste et uniforme que ces champs de blé qui séparent leurs exploitations, donnant à la vie de village, la vie en communauté, une image de temps reculés, éculés.
La culture, l'identité, la singularité, s'inventent chaque jour.
C'est la responsabilité de chacun d'entre nous.
Si nous, basques, sommes vivants, c'est parce que nous inventons chaque jour notre identité. Nous ne nous laissons pas faire. Nous prenons ce qui nous intéresse chez l'autre et le faisons nôtre.
Plus facile à dire qu'à faire, m'ont répondu certains. C'est vrai... peut-être.
Essayez, leur ai-je répondu.

Je remercie encore tous ceux qui sont venus m'écouter à la salle des fêtes de Monts sur Guesnes puis quelques jours plus tard, au café du Mag à Zinc à Arçay (bisous Magalie)*.
Je les remercie pour leur très bel accueil, leur curiosité et leur humanité.
Peu se doutent à quel point cela m'a fait du bien de chanter pour eux.
J'ai eu pour eux de grandes idées et de grandes théories mais je me suis senti tellement bien avec eux, que j'ai lâché ce que j'ai ressenti, de leur pays, de leur culture.
Tout n'est pas perdu, me dis-je, tant que je suis debout et fier.

Cela me ramène à une émission de radio que j'ai écouté, il y a peu.
Les soeurs Labèque étaient interviewées sur Radio Classique. Elles parlent de leur lien au Pays Basque.


* Merci aussi et surtout à Sarah et Pierre de l'association LAETA pour leur travail de fond, leur engagement et... leur sympathie. Les belles photos ci-dessus ont été faites par Sarah.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

gau on!!!!je m'excuse d'avance pour les fautes d'orthographe
je reviens sur un passage de ton article : Si nous, basques, sommes vivants, c'est parce que nous inventons chaque jour notre identité. Nous ne nous laissons pas faire. Nous prenons ce qui nous intéresse chez l'autre et le faisons nôtre. je m excuse d'avance ça m 'oripile je pense que ces deux phrases sont antinomiques, nous reinventer chaque jour à mon humble avis ce n'est pas prendre ce qui nous interesse chez les autres, je trouve que c'est manqué d'originalité et je m'excuse encore mais euskal herri c'est quand meme une entite déja original.... je m'explique prendre aux autres pour en faire sien c'est de la facilite et je pense que nous sommes un peuple assez vieux pour ne pas tomber dans la facilite....pour moi la facilite c'est un fleau et je pense que nous sommes issus d'une culture qui s'entretien au fil des siecle une tradition qui n'est pas fige qui se sert de ce qu'elle a appris et qui dans sa continuité evolue... je trouve anti evolutif par exemple de prendre un coca euskaldun car coca est ce qui se fait de plus pourri dans le monde au niveau politique et economique et en faire un "basque" moins bon avec une etiquette avec un ikurina et qui est fabrique en bretagne ne sert à rien!! le pire c'est ce putain de logo pegatine de mouton putain on est un peuple assez fier pour prendre autre chose que le simple symbole de l'animal bete et suiveur qu'est la brebis putain juste parce qu'on veut prendre au autre pour faire sien!!!! je pense que c'est une porte ouverte a n importe quoi!!!!! bref je m'egare mais vraiment ça m'enerve!!!!putain mais on l'air de quoi vu de l'exterieur avec ce coca a la con et ce logo de merde....bref et je pense qu'au niveau culturel c'est la meme chose c'est pas parce que ce qui se fait ailleurs et qui marche doit avoir son equivalent (souvent bien patos!!!) en euskal herri!!!! je pense qu'il y a du boulot beaucoup de boulot a faire pour reprendre ce qu'on fait nos parents et ancetres et continuer a transmettre et à creer dans la continuite plutot que toujours chanter les meme chansons qu'on entend partout et que tout le monde connait deja, il y a un travail de recherches et de creation et de transmission a faire plutot que de prendre un truk marketing et de foutre un ikurina ou un lauburu dessus!!!! enfin j'ai sentit ça et ça m'enerve vraiment enormement!!!!
enfin chacun fait ce qu'il veut mais j'aimerais qu'on reflechisse plus au lieu de s'adonner à n'importe quoi!!!!aller ongi izan ta ongi segi gero arte
iban

Thierry Biscary a dit…

Iban,
C'est vrai que ces deux notions "Inventer son identité" et "Prendre chez l'autre" ne paraissent pas aller de pair. C'est pourtant ce que l'on a fait et que l'on fait au pays des basques.
Le coca dont tu parles, sa triste réalité, c'est que cette firme continuera longtemps à s'imposer chez nous. En effet, le coca est donné aux organisateurs des plus grosses fêtes en faveur de l'euskara (pour ne citer qu'elles... Herri Urrats, Kilometroak...). Alors, lorsque les responsables d'Alternatiba ont proposé l'Ekha Kola breton à Herri Urrats, ils se sont pris un râteau. Ils ne pouvaient ni en produire suffisamment, ni le vendre à un prix suffisamment compétitif... et pour cause, face à un Coca Cola "gratuit" (les milliers de litres sont donnés à titre d'aide à l'euskara), tu ne t'alignes pas. Faire un coca moins bon, ne sert à rien, peut-être, cela paraît facile et peu créatif mais bon, j'ai l'impression qu'ils ont essayé de lutter face à cet omniprésence du géant américain, et c'est déjà beaucoup... Le kalimutxo qui s'est répandu avec le mouvement punk en hegoalde allait dans ce sens aussi, c'était foutre un bon coup de pied au produit yankee. Finalement, était-ce brillant de créativité ou juste facile ? Je ne sais pas. En tout cas, au final, malgré ces 2 initiatives, le coca est toujours là et la sécularité de notre peuple n'y peut rien...
Par contre, concernant Alternatiba, ils ont continué à batailler en proposant le baso berri et ça ne marche pas si mal, j'ai l'impression. Alors, certes, ils n'ont rien inventé, le gobelet du type baso berri était pratiqué ailleurs depuis longtemps. On peut encore y voir un manque d'originalité, que c'est céder une nouvelle fois à la facilité. Mais, il y a peu d'Einstein ou de Leonard de Vinci dans l'histoire. Nous n'aurons donc pas ce genre d'inventeurs chez nous avant longtemps. On ira donc encore souvent prendre chez l'autre, ce qui nous parle, tout en le faisant nôtre.
C'est ce qu'on a fait par exemple avec l'alboka, c'est ce que nous faisons avec le cercle circassien dans nos bringues aujourd'hui. J'appelle ça "inventer notre identité en prenant chez ou à l'autre" car nous nous approprions quelque chose qui nous plaît ailleurs et l'adaptons ici en fonction de ce que l'on est. Laborantxa ganbara pourrait en être un autre exemple.

Thierry Biscary a dit…

Je ne crois pas que ce soit si facile de faire ce que font le groupe Gose ou Fermin Muguruza en musique. Si c'était le cas, alors nous verrions naître tout un tas de groupes dans ce genre.
Pourquoi n'est-ce pas le cas ? Pourquoi ceux qui y voient de la facilité, de l'adaptation de la variété internationale en euskara, ne proposent pas mieux ?
Toutes les démarches artistiques sont critiquables. Personnellement, je n'aime pas vraiment la musique de Gose, comme je n'aime pas ce que propose David Olaizola. Cela dit, je leur reconnais le travail qu'ils font pour remplir des salles, pour vendre leur sauce, pour en faire leur métier ; Quand bien même, c'est de la variété ou de la soupe comme disent certains. Qui propose mieux ?
Nous, avec Kalakan, les circonstances ont fait que nous avons fait un disque de reprises au lieu de faire un disque de compositions, ce que l'on aurait fait de manière plus naturelle en réalité.
Seulement voilà, les endroits où l'on a joué en Europe, les gens que l'on a rencontré, nous ont poussé à travailler les chansons qu'on connaît depuis tous petits.
On aurait pu prendre la direction d'Anne Etchegoyen (Otentik, Pachamama, Adelante) ou de Kepa Junkera (Etxea, Kalea, Herria). On a préféré la sobriété des percussions et de la voix.
Plus facile, moins facile ? Je n'en sais rien. Tout ce que je peux te dire, c'est qu'on a bossé. On y a cru et on y croit encore.
Cela ne nous empêchera pas de continuer à créer des mélodies, à transmettre ce qu'on nous a appris. C'est ce que je fais régulièrement. C'est moins visible parce que moins facile à faire briller dans nos médias, dans nos salles de concerts. C'est toujours moins facile d'emballer un public avec des chansons qu'il ne connaît pas qu'avec des chansons qu'il connaît, Jamixel (http://www.myspace.com/jamixel) et moi (http://www.myspace.com/ttirritt) pourrions t'en parler encore longtemps.
Reprendre ce qu'on fait nos parents et ancêtres, c'est aussi chanter les mêmes chansons qu'on entend partout et que tout le monde connaît déjà, sinon quoi ? Sinon, ce n'est pas reprendre, c'est créer. Et rien que sur ce mot "création", il y aurait de quoi dire. Elle vient d'où la création ? Elle est faite de quoi ?
Agir, c'est prendre le risque de faire des conneries. Agir, c'est prendre le risque de plaire à l'un et pas à l'autre. L'un verra dans cette action quelque chose d'utile, d'amirable, tandis que l'autre y verra quelque chose de futile et de méprisable. Je me dis souvent, agir vaut mieux parfois que de trop réfléchir. Et si tu savais le temps que je passe à réfléchir au lieu d'agir...
Merci en tout cas pour ton commentaire.
A bientôt !
Thierry